Encore une histoire…

… Que j’ai écrite et pas dessinée, et qui paraît dans le magazine Manon n°165, en ce beau mois d’octobre 2018.

Couverture Manon n°165, octobre 2018

Les illustrations sont de Jess Pauwels

L’histoire a été intitulée « L’Invité Mystère » par la rédaction, pour moi, c’était « L’Habitant Clandestin »… Allez, je vous en donne un bout.

Chapitre 1

 » Ranger ma chambre ? Mais pourquoi ? Même si un truc est parterre, c’est juste qu’il est rangé… parterre ! C’est sa place ! Et des trucs, j’en ai plein, alors forcément… »
Là, Maman a serré les dents en devenant toute blanche ; Papa a ouvert la bouche en devenant tout rouge ; et j’ai filé dans ma chambre avant l’explosion.
Depuis, je range.
Et il y a un truc bizarre : je trouve par ci par là des choses que je ne reconnais pas. Des petits objets dont je ne me souviens vraiment pas. Et qui ne sont pas en plastique comme la plupart des jouets… Il y a des touts petits vêtements… Des toutes petites chaussures… Un tout petit sac… Une toute petite table… Avec une toute petite chaise… Et un tout petit lit !…
Oh mon dieu ! Un tout petit quelqu’un habite dans ma chambre !
Il y a même un trou dans le sol près de ma table de nuit, avec un tout petit escalier qui descend !
Papa et Maman ne me croient pas. Ils disent que j’invente n’importe quoi pour faire mon intéressante et ne pas ranger… C’est un comble ! Je vais leur prouver que c’est vrai !

J’ai rangé ma chambre à fond. Il n’y a plus rien qui traîne. Sauf les affaires de l’habitant
clandestin que j’ai mises toutes ensemble, comme une mini-chambre bien en vue au milieu de la moquette.
Maintenant, je regarde et j’attends.
Et puis, je me dis que c’est idiot. Avec tout ce vide, il ou elle va forcément comprendre que je l’ai découvert, et s’il n’a plus rien pour se cacher, ça va lui faire peur… Mais je ne vais quand même pas remettre du désordre partout ?!… Je décide de recréer une sorte de faux couloir avec du bazar, entre le petit escalier et la mini-chambre. J’espère qu’il ne se méfiera pas, mon désordre changeait plusieurs fois par jour : je farfouillais tout le temps pour retrouver mes affaires !
Et pour montrer que je ne suis pas hostile, je pose un biscuit apéritif sur la petite table et un dé à coudre avec de l’eau. On ne sait jamais.
Voilà, j’attends. J’espère que ça ne sera pas trop long…
– Assia ! À table !!!
Oh zut ! Et s’il vient pendant qu’on dîne ?

La suite dans le Manon de ce mois-ci, dépêchez-vous, il n’y en aura pas pour tout le monde…

Trop fière

Comme ça fait 30 ans que j’écris dans des dessins et des BDs, sur des sujets concrets, actualité, vie quotidienne, psychologie, et tout ça et tout ça, et que ça devient lassant ; je me suis décidée à écrire de la fiction fantaisiste, parce que personne ne le sait, mais je fais ça très bien (c’est mon blog, je m’envoie des fleurs si je veux !).
Ce mois-ci dans Manon : L’énigme des Murmuluches !
Et comme j’en ai un peu marre de dessiner aussi, c’est Delphine Renon qui s’y est collée avec fraîcheur et poésie.
(Mais moi, j’ai quand même dessiné un murmuluche là.)

Couverture Manon 161

Oui, en couv, c’est écrit « Un amour de Murmuluche », mais c’est pas le vrai titre.

Allez, parce que c’est vous, voilà le début de l’histoire.
(A l’occasion, je vous raconterai la triste histoire des « Filles de la reine Artichaut », ma première fiction publiée dans des conditions catastrophiques, il y a bien des années, par une maison pourtant sérieuse.)

L’énigme des Murmuluches

Chapitre 1

Je suis soigneuse de murmuluche.

Le murmuluche, c’est une grosse boule en fourrure bleue, avec deux grands yeux, une petite trompe enroulée, six pattes, et des ailes de libellule qui ne lui servent qu’à s’éventer. Ce sont des animaux très doux, mais il ne faut pas les laisser monter sur vos genoux, car ils pèsent au moins 400 kgs. Pourtant ils sont persuadés d’être aussi petits et légers que les coquecibulles. Sauf que les coquecibulles, il suffit de souffler dessus pour les envoyer à l’autre bout de la planète !
Les murmuluches sont des animaux sacrés et très précieux : il n’y en a que 8. Ma famille est chargée de s’en occuper depuis des générations. On habite dans leur temple, on nettoie leur enclos, on les brosse, on les soigne, on les nourrit, tout en leur chantant des chansons. C’est très important pour leur équilibre psychologique, car le murmuluche est très mélomane.

Mais moi, j’ai un gros problème : je chante faux. Alors que toute ma famille chante très bien. C’est vraiment injuste ! Si je chante, les murmuluches se mettent à couiner et s’agitent comme si ils avaient mal quelque part… Alors je m’occupe d’eux du mieux que je peux, mais en silence. Pourtant, j’aimerais tellement chanter pour eux !

Curieusement, en ce moment, ils sont agités et ils couinent. Mais je n’ai pas chanté ! Je le jure !
Et tout le monde est inquiet, parce qu’ils ne pondent pas.

Chapitre 2

Aujourd’hui, le Prési-Roi est venu, avec tous ses ministres, pour parler de la ponte. Normalement, les murmuluches pondent tous les 147 ans. Evidemment, c’est un évènement très attendu ! Mais ils ne donnent aucun signe.
On a lu et relu toutes les descriptions des murmuluches en période de ponte : ils creusent un trou pour faire un seul nid tapissé de touffes de poil ; ensuite ils tournent autour à la queue leu leu, toute la journée, en marmonnant « Mou mou mou mou mou ! » et leur pelage devient progressivement vert.
Puis au bout de 37 jours, un seul d’entre eux pond un gros oeuf tout rond, rose pâle tacheté, d’environ 20 kgs.
Et ils le couvent tout à tour pendant 83 jours, jusqu’à ce que la coquille ait disparu et qu’il y ait un petit murmuluche à la place. Un seul bébé murmuluche tous les 147 ans, ça ne fait pas beaucoup. C’est pour ça qu’ils sont si précieux.

Mais là, rien. Il ont dépassé la date estimée de presqu’un an. Ça n’est jamais arrivé.
Et ils s’agitent et ils couinent.

La suite dans Manon n°161, ce mois-ci, en vente chez tous les bons marchands de journaux…